L'enfance

Tout commence dans une famille aisée de paysans juifs lituaniens et polonais immigrés en Rhodésie du Sud, les Braudo. La mère de Johnny Clegg, Muriel Braudo, qui suit des cours à l'université de Johannesburg, se marie avec un non-juif, Denis Clegg, contre l'avis de son père. Le couple part ensuite en Angleterre pour élever le petit Jonathan Clegg.

Cependant, six mois après cette naissance, le couple divorce et, après un bref passage en Israël, la mère retourne élever seule son enfant dans la ferme familiale à Gwelo, près de Selukwe, en Rhodésie (l'actuel Zimbabwe). Enfant blanc dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, Jonathan grandit dans un environnement isolé de toute culture africaine. Malgré cela, il arrive à se lier d'amitié avec le fils du chauffeur de la famille qui l'initie au ndebele, une langue qui tire ses origines du zoulou.

Alors qu'il a six ans, sa mère, qui est chanteuse dans les night-clubs, part en tournée dans le pays et l'envoie dans une pension anglaise réservée aux Blancs à la discipline très stricte dont il garde un très mauvais souvenir.

Un an plus tard, sa mère épouse un journaliste sud-africain, Dan Pienaar, et la famille s'installe pour deux ans dans un appartement au centre de Johannesburg. Écrivain et poète issu d'un milieu ouvrier blanc très pauvre, élevé durement dans une ancienne famille afrikaner, ce beau-père a une forte influence dans l'éducation de Jonathan (qui ne connaîtra son père biologique qu'à 21 ans) et lui fait partager sa passion pour l'Afrique.
La famille part vivre ensuite pendant deux ans en Zambie, où le beau-père de Jonathan a trouvé une place dans un journal de Lusaka et s'en va couvrir la guerre au Congo. Durant ce temps, l'indépendance nouvelle de l'Afrique aidant, Jonathan Clegg entre pour la première fois dans une école multiraciale. Revenu à Johannesburg, son beau-père lui apprend à survivre en pleine nature en l'emmenant tous les week-ends faire du camping sauvage dans la brousse. Alors que le garçon débute son adolescence, son beau-père s'enfuit du jour au lendemain en Australie avec une autre femme, emmenant la demi-sœur de Jonathan qui venait d'avoir trois ans.

Âgé de treize ans, se sentant complètement étranger à la religion et à la communauté juive qu'il juge trop passive face à l'apartheid, il refuse de faire sa bar-mitsva. À quatorze ans, ne supportant plus non plus l'école, il fugue durant trois semaines en territoire zoulou avec deux amis avant d'être retrouvé par la police. De retour à Johannesburg, il commence à traîner dans les rues sans enthousiasme.