Les débuts

Jonathan, que tout le monde commence à appeler Johnny, s'initie à la guitare à quinze ans, ce qui lui permet de rencontrer un musicien de rue zoulou qui jouait près de chez lui, Mntonganazo Mzila. Malgré la barrière du langage, il s'ensuit deux années durant lesquelles Clegg apprend les rudiments de la musique zoulou et le Ihhlangwini, accompagnant Mzila dans tous les « hostels », centres d'hébergements de travailleurs migrants, enfreignant l'interdiction des Noirs et des Blancs de franchir la limite des secteurs réservés. Cela permet à Clegg de se faire une réputation de bon musicien et de comprendre réellement le fossé qu'a creusé l'apartheid.

À la même époque, Sipho Mchunu avait quitté sa terre zoulou natale pour exercer le métier de jardinier à Durban. S'étant taillé une réputation de bon guitariste, et attiré par l'espoir d'un plus haut salaire, il décida de monter vers la grande ville, où il entendit parler pour la première fois d'un garçon blanc au talent de musicien zoulou.

Il se trouva que le quartier de Johnny était également celui où travaillait Sipho. Cela mena à l'inévitable rencontre des deux musiciens. Tout d'abord stimulés par leur envie de comparer leurs talents de guitariste, les deux compères s'associèrent pour former un duo hors du commun, qui allait avoir un succès international. Sipho permit à Johnny de parfaire ses techniques de guitare, de danse, de langue et de combat au bâton zoulou. Johnny permit à Sipho de connaître la musique celte et le rock.

Ensemble, ils firent secrètement la tournée de tous les foyers de travailleurs migrants, enjoignant les autres musiciens à se mesurer à eux. En plein apartheid, cette association improbable provoqua une forte agitation, aussi bien artistique que politique, partageant ceux qui condamnaient cette multi-culturalité et ceux qui l'encourageaient.